L'âme des saisons
L’ÂME DES SAISONS
Bruit de tronçonneuse
l’arbre par-dessus le toit
où est-il allé ?
L’horizon s’appauvrit. Chez les voisins, on élague, on rase. Préparent-ils le terrain pour une nouvelle carcasse de béton ?
L’environnement s’enlaidi se dés-anime. Où iront les oiseaux ? Me posera-t-on un jour la question : « Y a-t-il des oiseaux chez toi ? » comme j’ai interrogé l’amie parisienne : « Y a-t-il des oiseaux à Paris ? »
Après… il n’y aura plus qu’à s’acheter une volière de perruches ou bien à planter des oiseaux en plastique dans le décor : cardinal éternellement rouge, oiseaux reborn aux plumes si douces qu’on les croirait vraies, à l’instar de ces poupées reborn imitant à la perfection la texture d’un vrai poupon.
Pour l’instant, il suffit que je me penche vers l’avocatier, que je contourne la maison dans la rosée des belles de nuit pour croiser sur mon chemin un volubilis — non, deux ! un grand et un petit… Aujourd’hui mon âme s’apaise. Tant que le papyrus semblera prêt à faire tourner ses ombelles, l’ombre n’envahira pas nos âmes.
Bientôt, je sèmerai des coquelicots, au printemps secret que j’arracherai à notre automne. Sans écouter les sirènes wikimédiennes prétendant qu’ici « il n’y a que deux saisons… Si ! Si ! C’est écrit !
Nous gommerez-vous les équinoxes, laissant la Terre à cloche-saison entre deux glorieux solstices : d’été et d’hiver, ceux des changements d’air que nous affectionnions autrefois, saison fraîche pour la mer, saison chaude pour les Hauts. Kigos voués aux vacances…
(22 février 2018)