Mardi d'avant Pâques
DIRE À LA FLEUR…
Serrez-moi dans vos bras
que je sente mes contours
(Danièle Corre in Énigme du sol et du corps)
rouge au grenadier
dire à la fleur qu’elle est belle
matin d’automne
Ce besoin d’être reconnus, nommés, « serrés dans les bras », nous le partageons certainement avec toutes les créatures conscientes, fleur ou oiseau.
sinon, tout finira comme Narcisse, s’engloutissant dans son propre reflet, faute d’avoir trouvé le miroir bienveillant d’un regard autre qui lui fera découvrir sa réalité, sa vérité, qui lui permettra de dessiner ses contours.
Comprendre l’exultation de Robinson accueillant Vendredi.
LA CHANSON DE NARCISSE
Savez-vous pourquoi pleure une fontaine
Malgré le soleil, malgré le printemps ?
Savez-vous pourquoi les fleurs sont en peine
Malgré la lumière aux éclats safran ?
Narcisse ! Narcisse ! pépient les oiseaux
Narcisse ! reprend tristement Echo
Où est donc passé, gémit la fontaine
Ce fidèle ami qui demeure absent ?
Mes rides diront combien j’ai de peine
De le voir changé en pétales blancs
Narcisse ! Narcisse ! pépient les oiseaux
Narcisse ! reprend tristement Echo
Ainsi comme à nous, ô douce fontaine
De ce bel héros un jour condamné
Par des cieux jaloux, à si lourde peine
Elle manquera, l’infinie beauté ?
Narcisse ! Narcisse ! pépient les oiseaux
Narcisse ! reprend tristement Echo
Je ne sais pas trop, répond la fontaine
Si ce fils du fleuve était vraiment beau
Mais en ses yeux clairs — Ah ! Que j’ai de peine ! —
Je ne verrai plus se mirer mon eau
Narcisse ! Narcisse ! pépient les oiseaux
Narcisse ! reprend tristement Echo