Tapis mendiant
TAPIS MENDIANT
Lève-tard
au souffle du vent
j’éternue
Préfiguration d’un temps plus frais. Le cri du martin m’arrache un sursaut. Le jardin ! Il est grand temps de l’éclairer d’un printemps.
Et puis, ne rien faire d’autre que regarder le soleil s’étaler. Une marque sur le mur, peut-être ? Chaque jour, à la même heure ?
Ah ! Pourquoi me créer une contrainte de plus, moi qui ai échappé aux emplois du temps rigides des professeurs ? De tant à tant, telle classe, et l’obligation de leur inculquer quelque notion mathématique — cosinus, logarithme, exponentielle, c’est moi qui choisis… — tous à l’unisson. Comme si l’attention d’une trentaine d’ados pouvait soudain converger vers un égrégore d’apprenant ! Enseignement de masse, faisant fi des libres vavangages, du moment propice à tel ou tel apprentissage. J’aurai toujours manqué de temps…
Lézard sur le mur
ailes déployées
l’ombre immense
Sans dommage pour l’oiseau ou le reptile. De quoi m’émerveiller encore… cette interpénétration de deux univers matériel/immatériel, et mon imaginaire pour relier les deux.
Couture haïku ou tanka, suturer les instants, les assembler comme coins d’un tapis mendiant (patchwork élémentaire unissant des rectangles de tissu prélevés souvent aux vieux vêtements), point de fleur ou d’oiseau ou de lézard, broderie ultime qui n’appartient qu’à ce jour de mars. Le treizième du mois.
Semaine d’avent
ma peau brûlée aux étés
rêve d’équinoxe
(13 mars 2018)