Une tache sur un mur
UNE TACHE SUR UN MUR
Taches sur un mur
tendre la main – sur le fil
cardinal soudain
Mise en voix, cliquètements, puis la modulation en continu, chant à plein gosier. Comme il me semble petit, le cardinal !
Ah ! Le tenir au creux de ma paume et tous ses chants avec lui…
Je ne sais ce qu’il veut me dire. Je n’ai pas l’oreille musicienne. Je ne sais même pas décrire — ni écrire… Uit-Uit-Uit, est-ce assez ? — les sons émis par sa rouge gorge. Non, enfant de la Réunion, rouge-gorge n’est pas son nom.
Cet écarlate qui pâlit déjà, qu’il perdra au fil des jours raccourcissant. sans son apparat coloré, je ne reconnaîtrai plus, je le confondrai avec les moineaux. mais il n’y a nulle offense à être comparé au moineau, n’est-ce pas, oiseaux du ciel ?
La lumière
tremblotant au mur
un oiseau ?
le temps de l’écrire, l’oiseau disparaît, prestidigitation des nuages. il ne reviendra plus, pas sous cette forme, en tout cas. Fantôme devenu… ou poupée. À côté ; dux yeux font une chouette, un chat, vite effacés. Nuages, me rendrez-vous, demain, mes oiseaux de lumière ?
les mots pour le dire, sur mon carnet, eux perdurent, ingrédients pour un tanka inspiré, offert. La page se fait brouillon, esquisse. amen pour ces vies qui m’entourent — que serai-je sans vous ? — de leur chaleur, de leur lumière, lutins de soleil dansant sur un mur nu.
(14 mars 2018)