Volubilis

Publié le par Monique MERABET

Volubilis

VOLUBILE

 

 

 

De la liste des dix mots choisis cette année pour la francophonie (accent – bagou – griotjactance – ohé – placoter – susurrer – truculent – voix – volubile) j’ai retenu ce « volubile », à cause du liseron, bien sûr.

Le liseron est volubile. J’aime la définition botanique du mot : se dit d’une tige grêle qui ne peut s’élever qu’en s’enroulant autour d’un support.

 

Liseron

qui s’appuie à l’autre

liseron

 

Volubilis ! sa fragilité lui donne sa force et son exubérance. Le support une fois trouvé, rien n’arrête le liseron dans sa progression verticale ou horizontale. En un rien de temps, il est capable de vous bâtir une voluptueuse rotonde pitaclée de trompettes azurées. Alé di partou ! À pleine voix… pas question de susurrer

De même qui peut arrêter la jactance du volubile qui dessine ses paroles en les modulant du geste et de la voix ?

Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le monde, promesse jaillie de la truculence d’un physicien ambitieux. En effet, pourquoi s’arrêter à un caillou lorsqu’on peut déplacer une montagne ?  Il suffit d’un peu de foi.

 

Tant de mots s’étirent

sur ma page volubile

ne dire que joie

 

Mon écriture — à l’encre bleu liseron — sur la page offerte : mots qui s’enroulent, qui enserrent, qui enrobent les pensées du jour. Les mots s’envolent, explosent en mille éclats. Auront-ils jamais la grâce des fleurs du volubilis, cet accent indéfinissable, tendre et grave et léger à la fois. Les mots ne se faneront-ils pas en placotage, vain bagou de charlatan des mots, sans consistance ni conscience ?

Se laisser guider par le liseron sage qui taira ses fleurs fanées ; son chemin ne s’arrête que pour l’oiseau.

 

Autour du pylône                                            otour lo poto

un liseron grimpe, grimpe                                 in lizron i liane, i grimp

et l’oiseau soudain                                           aguète ! in zoizo

(in Au bout de l’index, éditions Liroli 2015)

 

Ohé moineaux et tourterelles ! Et vous, cardinaux !

Laisser le chant de l’oiseau venir jusqu’à moi, rompre la rumeur du quotidien pour un silence mélodieux d’échos ; les laisser me raconter, diserts griots, le monde que mes yeux ne voient pas.

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J
Merci Monique "les mots s'envolent, explosent en mille éclats", j'adore !! le reste aussi, note bien !!
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M
L'important, c'est de savoir que quelqu'un, quelque part, peut recueillir un de ces éclats. Merci Jocelyne.