Zanbrokal Saisons
ZANBROKAL SAISONS
Avant haïku
une fourmi balise
la page blanche
Le temps que je prenne en photo l’écriture des feuilles ; elles veulent toujours dire quelque chose, celles de la dracena (arbre du bonheur) surtout… avec ses tableaux à la Mondrian aux tons or, brun, roux. L’automne, alors ?
Faute d’oiseaux, je photographie les limbes desséchés ; je lis sur le mur l’ombre compacte du benjoin avant que le papyrus n’y projette son mikado de tiges.
Et le souvenir de Grand-mère jouant avec nous à ti-bois, cette version frustre d’un mikado péi, bûchettes taillées au couteau (par Grand-mère ?) dans des branchettes lisses de pêcher.
Lire tous les signes reliant présent et passé. Moi — l’âge d’être grand-mère — assise là, à contempler moi — d’autrefois — aux étonnements de petite fille.
Les nuages eux-mêmes, vagues flocons de laine cardée, me ramènent aux matinées de vacances où toute la maisonnée donnait la main pour rendre plus légère la laine tassée — Ah ! ça y fait comme des boulons dans mon dos, ma fille — du matelas de Grand-mère. Filaments et poussières, bavardages et toux… Décidément, aujourd’hui tout me ramène Aglaé.
Je souhaitais surtout parler de saisons. Il fera chaud. Alors, l’été pas fini ?
Et les amies de France me rapportent qu’il fait bien froid sur leur printemps hésitant. Alors, l’hiver ?
Zanbrokal saisons.
(22 mars 2018)