A chacun sa lumière
À CHACUN SA LUMIÈRE
Entre été et hiver
lumière d’avril
éparpillée
Fin d’après-midi, l’éblouissement des derniers feux. Comme la lumière a changé depuis l’équinoxe !
Décrire la lumière d’avril est un exercice bien difficile. Comment rendre cette impression de fragmentation illuminant chaque feuille, chaque pétale ? Pluie de lumière.
Lumières plutôt, plurielles. La réfraction n’est pas la même, qu’elle touche le limbe rutilant, l’eau miroitante, le métal aveuglant. Papillotement caractéristique de cette saison intermédiaire — automne ou printemps pour mon île — dont on dit sévèrement qu’elle n’existe pas.
Ne pas la nommer c’est oublier que nous vivons dans la continuité, suite de nano instants tendant vers ce point… jamais arrêté. Le soleil envahit la véranda, repoussant son trapèze de lumière, centimètre par centimètre, un peu plus loin chaque jour.
Dégradés de roses
le cardinal pâlit
par petites touches
J’aime en observer les variations subtiles.
Seule la mort nous prend avec brusquerie, nous basculant de vie à non vie. Mais sommes-nous certains qu’après avoir secoué la poussière d nos corps, nous ne sommes plus rien ?
Longtemps, longtemps, longtemps,
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues
(3 avril 2018)