Transhumance
TRANSHUMANCE
Ciel de mai
compter les moutons
de nuages
Dimanche en transhumance : les moutons du petit Prince se sont multipliés ; tout un troupeau traverse mon ciel. Tintement de la petite cuiller dans mon café.
Il a plu cette nuit et l’herbe céleste a poussé, recouvrant le firmament d’une toison… bleue de jour. Celle que l’on ne distingue pas d’en bas. mais les moutons du ciel avec leurs yeux d’étoiles, l’ont bien vue. Ils défilent, marche blanche pour accompagner l’âme de la jeune fille qui a rencontré la mort, un peu plus tôt, beaucoup trop tôt…
Suivre leur piste qui mène à l’horizon, aussi loin que je puisse regarder. Et cela ne sera jamais assez loin, même avec un télescope, même en m’accrochant à la queue d’une comète ou à l’armature métallique d’un satellite. Trois petits tours… échapper à l’attraction terrestre, sauter d’orbite en orbite.
Puis retourner, plume à la main, à la contingence d’une chaise, d’une feuille de papier, l’esprit tourneboulé du voyage sidéral imaginé.
Ciel revenu à l’azur. Les moutons-nuages sont rentrés au bercail (automne) ou ont atteint d’autres prairies (printemps).
J’observe la transhumance entre deux saisons, entre lumière et ombre, aussi. je guette se refermer la belle de nuit qui s’attarde un peu. Encore un instant, Monsieur Le Soleil… S’il vous plaît !
Les ombres fidèles ont envahi la face du mur : un autre voyage en projection.
Ombres mouvantes
où s’agite
une mouche
Pourquoi ont-ils dessiné des mammouths, des ours, des rhinocéros et trente-six espèces animales aux parois des grottes-mémoires ? Pourquoi pas les fruits, les graines et les herbes des cueillettes ?
Troupeau de nuages
les ombres de feuillages
ont pâli
(6 mai 2018)