Ce que dure le bonheur

Publié le par Monique MERABET

Ce que dure le bonheur

CE QUE DURE LE BONHEUR

 

 

 

Arbre du bonheur

une poupée de feuille

girouette

 

Un ti baba fëy fait sa danseuse, support de la cavalcade de mots de ce matin. Baba-fëy comme Baba-shifon, ces poupées de chiffon que nous fabriquait parfois Maman.

Elle, elle a surtout connu les babas-coton-maïs : la rafle de l’épi égrené formant le corps, on y greffait des membres en branchettes et on l’habillait de l’enveloppe. Pas très élégante sans doute, la poupée des pauvres.

Maman rêvait aussi de cette poupée patate, modelée dans de la patate cuite — sans doute prélevée à la marmite manger cochon — et mise à sécher… je ne suis pas sûre qu’elle fut vraiment réalisée. N’était-ce pas plutôt un artefact d’un conte de Gamère (sa grand-mère), histoire qu’elle a pris le plaisir de retranscrire à quatre-vingts ans passés.

À ses filles, Maman avait appris les poupées papier, silhouettes découpées dans du carton et habillées de robes en papier que nous décorions de fleurs, de papillons et de cœurs, arc-en-ciel des crayons de couleur. Garde-robe de princesses que nous pouvions renouveler ad libitum ; il nous était facile aussi de créer quelques « meubles », lit, table, chaise, armoire pour nos maisons de poupées.

La petite danseuse d’herbe vient me rouvrir le monde enchanté des souvenirs heureux… les seuls à garder.

Je me disais cette nuit où le sommeil tard à venir que tout souci, toute peine trouvent toujours leur terme un jour ou l’autre ; ils surviendront quoi que l’on fasse, quoi que l’on craigne et ils passeront.

Seuls les bonheurs perdurent et resurgissent de nos mémoires, résurgences limpides des beaux jours d’enfance.

Et ces écrits de pur plaisir, qui me les enlèvera ?

 

(14 juin 2018)

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