L'aquarelle du monde
L’AQUARELLE DU MONDE
Mes mots dessinent
une fleur sur le papier
d’un pinceau léger
rajouter une signature
à l’aquarelle du monde
« Le monde est une grande aquarelle », écrit Françoise Kerisel dans Alice au portrait chinois paru récemment aux éditions pippa.
Une aquarelle arc-en-ciel aux couleurs de chacun d’entre nous et que nous pourrons signer en confiance.
Sans rien rajouter. On peut profiter en toute sérénité de l’art des nuages et des fleurs, ponctuations d’oiseaux ou de papillons.
Nous n’avons rien à faire. D’ailleurs que pouvons-nous créer vraiment ? Nos créations artistiques ne sont que remodelages, commentaires, méditations, louanges de ce qui est. Un peu comme le code civil on utilise le terme d’inventeur pour un découvreur de trésor caché.
Aucun des trésors qu’il nous est donné de rencontrer en ce monde, nous ne les emporterons dans l’au-delà. Et combien de réalisations monumentales finissent-elles recouvertes par le sable des tells ou en pierres éparpillées, qu’elles aient été bâties sur le roc ou sur le sable !
Tout ce qui vaut est là, depuis les premiers jours du monde.
CRÉATION
Le premier ciel était vert
d’un vert de printemps innocent
et son chant
engendra le vent.
Le deuxième ciel était rouge
Pourpre, carmin, robe nuptiale ;
il fit pleuvoir des pétales
de lumière et d’étoiles.
Le troisième ciel était parme
tendre velours du violet ;
de ses fragrances fruitées
naquit la beauté.
Le quatrième ciel était jaune
de paille d’or, de sable blond ;
au gré de ses libres ondulations,
se bousculant, jaillirent les monts.
Le cinquième ciel, lourd d’indigo
fit galoper le tonnerre
sur ses fiers chevaux,
ventre à terre.
Le sixième ciel, bleu et gris,
vibra d’une onde métallique
source des marées nilotiques
et de l’adamantine pluie.
Le septième ciel était orange
tout feu, tout flamme
pour que le roi soleil déclame
une ode à la lune sa dame.
(Poème publié dans Église de la Réunion, février 2002)