Prélude en nuages
PRÉLUDE EN NUAGES
La nuit du solstice
paysage de nuages
pour croissant de lune
L’impression qu’un match de cloud-ball se déroule là-haut. Je n’en comprends pas les règles. Mais à quoi bon des règles ? Je parie sur la lune gagnante, à tous les coups.
Prélude au premier jour d’été ou d’hiver, kigo au choix.
C’est le terme « premier » qui est mot de saison. Commencer quelque chose de nouveau. Recommencer. Croire que demain sera meilleur ou croire que le bonheur d’aujourd’hui va perdurer.
Solstice de juin
la forêt là-bas a pris
ses accents d’été
J’admire la peinture abstraite qui s’inscrit spontanément à la surface du café et mon esprit s’évertue à lui trouver forme concrète ; ne pas perdre pied d’avec la réalité des sens. Rester connectée au réel.
Poisson, champignon, réseau de racines, fragment d’ailes ? Assurément, un de ces trésors qu’offre le jour. Je les aspire avec l’arôme du café.
Le jasmin tout fleuri. Prendre le temps de regarder l’oiseau arriver, se poser.
Sous le buis de Chine
pluie de pétales blancs
seul le chat en profite
Passage au solstice. La musique des oiseaux est la même qu’hier.
Fausse assertion. Rien n’est jamais pareil qu’à l’instant d’avant ou d’après. « La même » : expression d’humaine pour m’inscrire dans la permanence : être encore un peu, encore un coma de secondes, oublier les neiges d’antan qui ne reviendront plus.
Autre fausse assertion : tout ce que j’ai vécu fait partie de moi à tout jamais.
L’habile finesse d’une langue qui transforme les antagonistes toujours/jamais en complices, pareils… toujours, à tout jamais. Renversement de valeurs qu’opère l’écriture magicienne.
Avoir une fée au bout des doigts. Ah !
(21 juin 2018)