Si toutes les roses
SI TOUTES LES ROSES
Un peu d’eau au fond
de la vieille théière
feuilles de sonj
Elles se dressent dans la lumière, sans bouder l’or d’un jour tranquille à demeurer là. Même pas peur du vent.
Écrire ? Pourquoi écrire ce qui n’est (ne sera ?) qu’un banal jour de septembre ?
Si tu n’habites plus au puits de mon cœur, d’où viendra la joie ? Où s’enroulera le liseron qui m’empêchera de m’y noyer ?
L’élan qui semble s’ébrécher aux aspérités du temps, s’étioler au marasme du quotidien n’est-il que privilège de jeunesse ?
Quand viendra le printemps ? Souffle après souffle le vent d’hiver a laminé l’excitation d’un renouveau. J’ai du mal à me souvenir des fleurs du cerisier sorties trop tôt et qui n’osent plus maintenant.
Peur d’écrire pour ne rien dire d’autre que la lente dégoulination des instants. Tout était si beau hier, de cette beauté qui devait sauver le monde.
Au dos du brouillon qui s’est envolé avec ses mots inutiles, je retrouve le haïku de Monique Leroux-Serres :
Si toutes les roses
étaient de la même couleur
j’irai moins au jardin
Admirables roses… à broder d’un fil ombré marquant les nuances.
Mais les coquelicots ne sont-ils pas tous du même rouge ? Et ma joie de les imaginer ondoyer au soleil, n’en est pas amoindrie.
Matin de septembre
tous les cardinaux arborent
un peu de rouge
Et je suis bien placée pour savoir que… pas deux fois la même teinte. Longtemps, j’ai recensé les morphes virant à l’orange comme d’une autre espèce, les (re)nommant même : tangerines !
(5 septembre 2018)