Sincèrement?
SINCÈREMENT ?
Trilles de moineaux
auprès de la mangeoire
chasser le chat roux
Un oiseau revenu. Méfiant, aux aguets. Cependant, la joie dans le ciel que ne tache pas même un soupçon de lune.
La saison du vent. de l’autre côté de la mer, isabel apprend l’Afrique à l’hirondeau qui va partir, pour la première fois. Septembre en va-et-vient d’ailes.
Saison de passage comme pour ces oiseaux d’hier soir fuyant dans la brume. Vers l’est, c’est là que réapparaîtra le soleil. Impression d’automne précoce, d’hiver qui ne veut pas finir. Rien ne germe encore de la terre desséchée. Souhaiter l’arrêt du vent. Souhaiter que le bouton rouge du grenadier résiste à son martèlement.
Le bruit de la goutte : penser à resserrer le robinet. Il a plu, il n’est pas nécessaire de laisser une goutte fuir pour l’oiseau ou pour la guêpe. Ni pour les fourmis.
Fourmis tout au fond
fraise peinte sur mon verre
ce qui les attire ?
La journée qui commence. Et si je l’immobilisais, là, laissant venir à moi les parfums, les couleurs et les sons ? N’écrire qu’un mot, un essentiel amen. Attendre que le vent le murmure à chaque atome d’air, à chaque molécule d’oxygène que j’inspire.
Regarder les ombres s’étendre sur le mur. Ma tablette rendue muette. Erreur de connexion, boîte mail arrêtée à « hier 23.34 »…
8 heures viennent de sonner au clocher.
Et pour clore cette étrange rubrique du jour de septembre — sera ? sera pas ? — le message sibyllin d’un correspondant masqué… SPAM à ne pas ouvrir, bien sûr : son intitulé insane :
« Ce n’est sincèrement aucune tabatière » (sic)
Sincèrement. Cela me rappelle cette exposition surréaliste dans la cathédrale d’Amiens : on y voyait entre autre, un mobile fait de rétroviseurs et la mention : Ceci n’est pas Dieu, Dieu n’a pas de rétroviseur. Sincèrement ?
(4 septembre 2018)