Au jour coquelicot

Publié le par Monique MERABET

Au jour coquelicot

AU JOUR COQUELICOT

 

 

 

Sa nouvelle adresse

sur son balcon j’imagine

un coquelicot

 

Noter une nouvelle adresse m’est bonheur. J’aime savoir situer les êtres chers à mon cœur, avoir une pensée pour un quelque part sur terre. J’aime savoir quels paysages regarder avec eux.

Celle qui est partie sans laisser d’adresse, — téléphone et courriel qui ne répondent plus — sinon une photo de coquelicot entre les pavés… La souffrance devinée. Communiquer une souffance est si difficile. Dans la tourmente, on se fait tout petit, racoquillé sur un être en lambeau, sans laisser échapper une plainte, sans laisser filtrer un mot, un sourire.

Partie sans laisser d’adresse au temps des flamboyants ou des coquelicots, myosotis à la dérive : forget-me-not.

Les coquelicots, justement, ne pousseront plus au bord des routes, au milieu des champs de blé. Nous les avons tués.

Le roman d’isabel Asùnsolo, La fleur de Chiyo, parle de ces liserons (frères/sœurs de coquelicots) mystérieusement traqués, devenus interdits… et qui survivent dans une cave abandonnée : arc-en-ciel prêt à réensemencer le monde.

Semons, semons, les coquelicots dans nos jardins, sur nos balcons, au pied des arbres des avenues…

 

Mur du cimetière

une petite fleur

s’est blottie

 

Rêver d’une marée rouge, écarlate, carmin, rubis, débordant sur le monde, marée d’amour et de bonté, rédemptrice d’humanité, s’élevant au-dessus de ces rumeurs d’intelligences artificielles d’un avenir annoncé.

D’une combinaison d’octets, pourra-t-on faire naître l’amour des coquelicots, la nostalgie de leur disparition ?

 

« As-tu une seule fois dans ta vie, donné des ordres au matin

assigné son poste à l’aurore ? »

(Livre de Job)

 

Le souhaiter

exactement comme il est

le matin

 

(6 octobre 2018)

Publié dans Correspondances

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M
Les coquelicots ont enchanté mon enfance en terre algérienne en voie de décolonisation. Semer le meilleur pour qu'il aille se loger dans les interstices les plus secrets...
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M
Le coquelicot symbole de décolonisation, voilà qui me va bien! Une raison de plus d'aimer ces fleurs et espérer une décolonisation aussi de nos esprits réunionnais.