Au jour crocus

Publié le par Monique MERABET

Au jour crocus

AU JOUR CROCUS

 

 

 

Raccourci

d’une nuit

le crocus

 

Le crocus avant toute chose. Dans le matin frais et venteux — salut aux amis de l’automne d’outremer ! — il se dresse, mauve,  dans l’ombre des caféiers.

Pas peur de la brise ! Elle n’a pas prise sur sa corolle au ras de terre. Symbole de renaissance, de résurrection, après si long séjour dans la terre, sans donner signe de vie… sinon l’envie de gratter pour être sûre que le bulbe est encore là et résister à la tentation. Et la récompense : la fleur touchée par la grâce de vie, mauve espérance pour mon petit coin de terre.

Tant de gestes de colibri, ici et là. De-ci, de-là, le liseron titoupi étale ses corolles blanches, « comme des marguerites » me dit la visiteuse qui les aperçoit. Marguerites à cinq pétales pour l’amour qui dure toujours, je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… Stop ! Je ne les ai pas extirpées de mon jardin ces lianes envahissantes, j’aime le bruit sec que font les graines s’éjectant vers de possibles germinations.

Au pied de la maison, dans un passage caillouteux, le pentagone parfait d’un petit liseron blanc aux feuilles cardioïdes.

La géométrie des corolles… celle du crocus, bien difficile à définir. Il faudra inventer une courbe « crocusienne », la lisser d’une improbable équation : du genre elliptique, hyperbolique, asymptotique ? Ou rien de connu, de répertorié ? Imaginer peut-être un parcours galactique.

 

Baptiser les courbes

du crocus – son seul souci

résister au vent

 

Tenir bon, accomplir son existence brève de fleur de printemps, quelques jours, quelques heures, à l’instar du papillon. Souvenir…

 

Photo de crocus

de l’année dernière – éventail

d’un papillon

 

(11 octobre 2018)

Publié dans Correspondances

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