Au jour crocus
AU JOUR CROCUS
Raccourci
d’une nuit
le crocus
Le crocus avant toute chose. Dans le matin frais et venteux — salut aux amis de l’automne d’outremer ! — il se dresse, mauve, dans l’ombre des caféiers.
Pas peur de la brise ! Elle n’a pas prise sur sa corolle au ras de terre. Symbole de renaissance, de résurrection, après si long séjour dans la terre, sans donner signe de vie… sinon l’envie de gratter pour être sûre que le bulbe est encore là et résister à la tentation. Et la récompense : la fleur touchée par la grâce de vie, mauve espérance pour mon petit coin de terre.
Tant de gestes de colibri, ici et là. De-ci, de-là, le liseron titoupi étale ses corolles blanches, « comme des marguerites » me dit la visiteuse qui les aperçoit. Marguerites à cinq pétales pour l’amour qui dure toujours, je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… Stop ! Je ne les ai pas extirpées de mon jardin ces lianes envahissantes, j’aime le bruit sec que font les graines s’éjectant vers de possibles germinations.
Au pied de la maison, dans un passage caillouteux, le pentagone parfait d’un petit liseron blanc aux feuilles cardioïdes.
La géométrie des corolles… celle du crocus, bien difficile à définir. Il faudra inventer une courbe « crocusienne », la lisser d’une improbable équation : du genre elliptique, hyperbolique, asymptotique ? Ou rien de connu, de répertorié ? Imaginer peut-être un parcours galactique.
Baptiser les courbes
du crocus – son seul souci
résister au vent
Tenir bon, accomplir son existence brève de fleur de printemps, quelques jours, quelques heures, à l’instar du papillon. Souvenir…
Photo de crocus
de l’année dernière – éventail
d’un papillon
(11 octobre 2018)