L'origine des mots
À L’ORIGINE DES MOTS
Comment l’inspiration vient-elle aux mots ? Parfois je me contente de recenser tout ce que je vois en me levant, en préparant le café : tout ce qui est nouveau, pas comme hier ou comme hier, mais autrement.
Le chat blanc
ses miaulements
comme hier
un vol d’oiseau blanc
c’est dimanche
Je n’ai pas eu le temps d’observer s’il s’agit d’un paille-en-queue ou d’un pigeon-colombe. Colombe, c’est le nom d’une des filles de Job.
Se nourrir de ses lectures aussi. Si poétiques les textes du Livre de Job. Si belle l’écriture de Raharimanana !
Cri d’oiseau
le manguier se dresse
dans la nuit
Il m’a paru géant, tout à coup, silhouette se découpant, majestueuse dans l’obscurité. Retrouver sur mes photos de feuilles et de branches et de troncs, d’autres dessins, d’autres portraits, sculptures étonnament humaines ou bestiaire fantastique. Je pourrais m’en inspirer pour un album des sorcières du jardin, parfois anges ou fées aussi.
Les arbres — ceux qu’on laisse grandir, prospérer, se transformer en microcosme, vive leur temps d’arbre — nous ramènent, me semble-t-il, un peu de l’Afrique perdue. Jalons sur les chemins réunionnais pour ne pas égarer tout à fait l’âme des tambours pour retrouver une fraternité avec les îles voisines, avec le continent africain, partager ces essences qui nous sont communes. Et puis, nos forêts n’ont-elles pas gardé l’ombre des marrons ?
De tes cheveux, ô ma mère
tu m’as bordé de velours sombre comme ma peau.
Tu m’as recouvert d’étoiles-fleurs
et de leur chant tu berces ma solitude.
Ainsi s’estompent une à une
les plaies vives de mon corps
(extrait de « La nuit du marron », in L’île du non retour, Monique Merabet, Surya Editions, 2010)
Les arbres constituent notre patrimoine le plus ancien. Ils devraient nous être sacrés.
Ma prière
avant que l’arbre tombe
écrire
(7 octobre 2018)