Le chrysanthème de la Toussaint
LE CHRYSANTHÈME DE LA TOUSSAINT
Sous mes cheveux blancs
les pensées en vavangage
matin de printemps
dire que là-bas c’est l’automne
chrysanthème de Toussaint
Ce matin, m’émouvoir du jaune éclatant du chrysanthème d’isabel, de son bouleau scintillant… Bientôt l’Avent. Feuilles d’automne parsemant le tas de compost près du poulailler
Feuilles d’arbre à pain
trop belles pour finir
au tas de compost
Dans mon jardin, les feuilles jaunes ou rousses ou cuivrées, dorées, tombent à la fin de la saison sèche, aussitôt remplacées par les pousses roses ou vert tendre : parenthèse d’automne que gomme le printemps, saisons fusionnées, métissées. Bâtardes ?
La beauté du chrysanthème de la Toussaint ! Mais bien sûr, on aurait tort de le prendre pour fleur de tristesse. La fleur d’or (étymologiquement) ne doit son apparentement avec le jour des morts — 2 novembre, holà ! La Toussaint est jour de fête, celle de tous les prénoms, celle de tous les vivants — qu’à son fleurissement équinoxial, du moins dans l’hémisphère nord.
Chez nous, le chrysanthème fleurit n’importe quand ? Hum… Pas si sûre ! Voir au marché du vendredi si les chrysanthèmes fleurissent en novembre.
Quant à l’origine du chrysanthème, faut-il en croire cette fable de la marguerite opportuniste ?
Dame Marguerite un jour,
voyant ses filles bien-aimées
martyrisées, tripotées, dénudées
par tant d’inconnus en mal d’amour,
décida d’envoyer ces fâcheux sur les roses.
Elle peigna, repeigna les corolles
avec une épine de rose :
chaque pétale, à tour de rôle,
se vit multiplié par dix, par cent…
Le stratagème réussit pleinement.
Qui serait assez fou pour compter ses « Je t’aime »
sur la couronne d’un chrysanthème ?
(extrait de Mathifolades, Monique Merabet aux éditions Liroli 2008)
(15 novembre 2018)