Mots coquilles
MOTS COQUILLES
Le goût du café
ce miaulement sous la table
ne pas écrire ça
Chat ou ça… goût ? Il est important le premier mot posé sur la grille du cahier. Posé ou osé !
La coquille apparue dans « Le rire des étoiles » (page 75) — la coupelle osée sur le muret… osée pour posée — soudain révélée à ma relecture. Pas de mea culpa ! D’autres l’ont lue sans la lire, la lettre manquante venant se placer d’elle-même dans notre mémoire conditionnée de lecteurs. Et au fond, est-ce si saugrenu cet « osée » ? Je me rends compte que, finalement, l’erreur est à mettre au rang d’heureuse faute, soufflée par l’inconscient : le muret est étroit, le revêtement de béton irrégulier et friable et il faut oser poser là une coupelle en verre au risque de la voir se fracasser sur les cailloux du passage.
Éclats coupants qui pourraient blesser l’escargot ou la limace, le ver de terre en goguette, le museau du chat (mais tant pis pour lui, c’est lui qui l’aura fait tomber)
Happy end donc pour ce mot coquille devenu mot signifiant. Mes textes du matin recèlent souvent de tels revirements : le premier jet de l’écriture à la main est rempli de ces errements, de ces hiatus entre pensée et expression.
Lorsque j’aborde la version tapuscrite, je m’en amuse, corrige, laissant sans doute s’imprimer d’autres coquilles, mots adaptés au souci de l’instant.
Notre écriture tributaire de nos instants ? Mais nous voilà en plein style haïkiste, ma fille ! Le kireji amenant un saut de pensée, ne serait-il pas coquille de pensée bienvenue ?
Fleur de galabèr
la broche de maman
je la cherche encore
Fleur de galabèr
la première mangue mûre
aux oiseaux
Ne prendre que la couleur.
(6 novembre 2018)