Mon papyrus est-il russe?
MON PAPYRUS EST-IL RUSSE ?
Feuille en bulbe
un air russe
à mon papyrus
L’occasion d’une photo. Noir et blanc, c’est la consigne. Renouer avec l’art photographique lorsque l’artiste utilisait l’argentique, que l’image surgissait du bain révélateur préparé par ses soins.
Ne pas se laisser attirer par le miroir aux alouettes de la fleur épanouie — toujours magnifique la rose ! —, par le site grandiose, par la mimique instantanée d’un visage. On n’obtiendrait qu’une image sans intériorité, un peu comme un haïku réduit à la mécanique 5/7/5.
Tenir compte de l’émotion de l’instant vécu, partager un peu de la fleur ou de l’oiseau… Enfin, pour l’oiseau photographié, ce n’est qu’un vœu pieux ; la plupart du temps, je l’ai à peine regardé, qu’il s’est envolé et je collectionne, navrée, ces clichés de « branche après l’envol ».
Puis composer, avant de livrer son sujet à l’expression des mots ou des pixels. Ne pas cracher sur la modernité (et la simplicité) de l’outil. Après tout, rares sont les haïjins se servant d’un pinceau (ni même d’un stylo) pour calligraphier leur tercet.
Procéder par épreuves successives, ratures photographiques indispensables, choisir celle qui correspond le mieux au ressenti, pas forcément la plus nette, ni la plus ressemblante.
Après toutes ces considérations sur l’art de la photographie, jeter un coup d’œil sur l’objet à photographier : le clocheton est toujours là ! Ouf ! La feuille morte fichée au sommet des folioles qui ne peuvent plus s’étaler, ne s’est pas encore désagrégée. C’est elle la clé du tableau.
Noter la différence essentielle entre écriture d’un haïku et de la photo. La scène une fois enregistrée dans ma tête, le tercet pourra se composer plus tard. Pas la prise de vue…
Songer à la conjonction des hasards qui ont amené cette feuille échappée à un arbre voisin, à se mettre au travers d’un pinceau de feuille de papyrus naissante. À la difficulté à traduire cet insolite cadeau par une photo ou par un haïku. L’art de la photo, l’art du haïku sont bien difficiles. Même si l’on se cantonne au domaine du concret.
Bleuté des néons
du musée - l’art abstrait
me reste insaisissable
(14 janvier 2019)
MON PAPYRUS EST-IL RUSSE ?
Feuille en bulbe
un air russe
à mon papyrus
L’occasion d’une photo. Noir et blanc, c’est la consigne. Renouer avec l’art photographique lorsque l’artiste utilisait l’argentique, que l’image surgissait du bain révélateur préparé par ses soins.
Ne pas se laisser attirer par le miroir aux alouettes de la fleur épanouie — toujours magnifique la rose ! —, par le site grandiose, par la mimique instantanée d’un visage. On n’obtiendrait qu’une image sans intériorité, un peu comme un haïku réduit à la mécanique 5/7/5.
Tenir compte de l’émotion de l’instant vécu, partager un peu de la fleur ou de l’oiseau… Enfin, pour l’oiseau photographié, ce n’est qu’un vœu pieux ; la plupart du temps, je l’ai à peine regardé, qu’il s’est envolé et je collectionne, navrée, ces clichés de « branche après l’envol ».
Puis composer, avant de livrer son sujet à l’expression des mots ou des pixels. Ne pas cracher sur la modernité (et la simplicité) de l’outil. Après tout, rares sont les haïjins se servant d’un pinceau (ni même d’un stylo) pour calligraphier leur tercet.
Procéder par épreuves successives, ratures photographiques indispensables, choisir celle qui correspond le mieux au ressenti, pas forcément la plus nette, ni la plus ressemblante.
Après toutes ces considérations sur l’art de la photographie, jeter un coup d’œil sur l’objet à photographier : le clocheton est toujours là ! Ouf ! La feuille morte fichée au sommet des folioles qui ne peuvent plus s’étaler, ne s’est pas encore désagrégée. C’est elle la clé du tableau.
Noter la différence essentielle entre écriture d’un haïku et de la photo. La scène une fois enregistrée dans ma tête, le tercet pourra se composer plus tard. Pas la prise de vue…
Songer à la conjonction des hasards qui ont amené cette feuille échappée à un arbre voisin, à se mettre au travers d’un pinceau de feuille de papyrus naissante. À la difficulté à traduire cet insolite cadeau par une photo ou par un haïku. L’art de la photo, l’art du haïku sont bien difficiles. Même si l’on se cantonne au domaine du concret.
Bleuté des néons
du musée - l’art abstrait
me reste insaisissable
(14 janvier 2019)