Suivre les traces
SUIVRE LES TRACES
L’escargot parti
des gribouillis d’argent
jusqu’au portail
Luisant au soleil, quelques gouttes pour témoigner de l’averse silencieuse qui s’est évanouie avec les ombres de la nuit.
Décidément, j’aime cette arche du buis de Chine, séquelle d’un élagage maladroit, tronçonneuse gros-doigts qui tranche sans aucun souci esthétique. Mon jardin n’est point jardin zen, aux tracés élaborés.
Elle est avancée de l’arbre étendant ses rameaux, arabesque spontanée. Elle m’indique la sortie, l’incursion dans l’ailleurs d’un temps passé ou futur. Qui saurait le dire ?
Un signe de vacances, une envie de partir…
Suivre un moucheron
posé comme une coquille
dans mon champ visuel
Ou bien suivre la fourmi qui pérégrine sur la feuille blanche attendant qu’un événement s’y inscrive en cursives : Avent de haïkus, avant haïkus… Préfiguration d’un album à composer, images et phylactères…
Ce matin, j’y mettrai cette feuille sèche de la dracena pieds dans l’eau. Son écriture-rébus se nourrit d’un monde aquatique invisible aux yeux.
Au fond du bassin
ce qui guidera mes mots
allez savoir !
Tous ces jeunes lycéens que j’ai connus, qu’en reste-t-il, sinon un souvenir fuyant, des traces d’affection, quelques croisillons de lianes desséchées, flottant joliment, dessinant des logogrammes pour traduire tous ces liens qui vont et viennent de ma mémoire à leurs sourires, de leurs rires à l’émotion qui palpite encore.
L’écriture n’est guère qu’une tentative de retenir un peu de leurs chemins qui se sont écartés des miens. Jusqu’où ira l’arche du buis de Chine lorsqu’elle se couvrira de fleurs et de parfums ?
À suivre…
(10 janvier 2019)
NB : en gras, les dix mots de la Francophonie 2019