La fleur de datura

Publié le par Monique MERABET

La fleur de datura

FLEUR DE DATURA

 

 

 

Fleur de datura

tout au bout de sa tige

a-t-elle tenu la lune

 

Droite sur son pétiole, on la dirait cierge, chandelier pour une cérémonie secrète. Que s’est-il donc passé en ce coin de jardin, la nuit entre cinq et six mars ? Un baptême, un mariage ou quelque chose de plus ténébreux, vénéneux ?

À qui le demander puisque les belles de nuit se sont toutes refermées ?

 

Belles de nuit

vous avez fleuri puis défleuri

à l’unisson

 

(On dirait une mauvaise traduction de haïku japonais, me dit Èmegé, se moquant de ma prétentieuse ingénuité)

Peut-être s’agissait-il d’une invisible lune se posant sur la corolle tendue comme un bilboquet ?

Nouvelle lune du 6 mars. Ah ! Cet adjectif trompeur ! Nouvelle, signifiant celle que l’on ne voit plus, celle que l’on ne voit pas encore. Comme si nouveau-né désignait le minuscule germe au sein maternel.

Et pourquoi pas, au fond ? En Chine, ne détermine-t-on pas l’âge à compter de la conception, neuf mois avant la naissance ?

Pour d’autres peuples (amérindiens), au contraire, on ne donne un nom à l’enfant qu’une fois acquise son autonomie à pouvoir marcher et se nourrir.

 

Fleur de datura

ne pas savoir si tu vois

la nouvelle lune

 

Si les plantes pouvaient parler… Manguier, me confierais-tu l’endroit précis où tu as largué tes derniers fruits ? Tu m’épargnerais ce jeu de cherche et trouve à scruter les tapis de feuilles tombées, ocres, brunes ou… jaunes. Et l’herbe est si haute que je crains toujours d’écraser un escargot.

 

Le chat sous la table

à mordiller sans faire mal

qui lui a appris ?

 

(6 mars 2019)

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