Pourquoi tant de mots
POURQUOI TANT DE MOTS…
Gouttes sur mon bras
fraîcheur qui réveille en moi
le chant de la nuit
de la pluie battant volets
il ne reste que silence
Pourquoi tant de couleurs, de parfums et de sons ? Il faut un mot pour chaque nuance, pour éveiller les correspondances. Tenter parfois de remplacer — d’accompagner plutôt — la vue qui s’éteint, l’obscurité que n’a jamais percé l’arc-en-ciel…
Écrire pour donner sens, pour partager ce monde bien-voyants, non voyants…
Dire le jour qui se lève et le jour qui finit. Dire le ciel ressuyé de ses pluies. Petits déjeuners de mots accommodés à l’humeur du jour.
Ce matin, je vous offre ces propos nés de la dernière pluie, ruisselant encore des gouttes recueillies au creux des feuilles.
Sur les fils électriques, les oiseaux se sont posés, telles les notes d’un chant suspendu. Ils guettent le retour certain du soleil ; ils ne se posent pas de questions, ils ont la sagesse de ceux qui savent : après l’ondée, revient le ciel bleu. Après les larmes, la joie sans pareille d’être vivant.
Comment imaginer le monde sans évoquer cette brise, caresse qui éloigne le fésho d’un été accablant ?
Quelques belles de nuit paressent encore — huit heures sonnent au clocher — profitant de la faible luminosité d’un jour pluvieux.
« Je ne veux pas mourir encore »… est-ce leur pensée secrète ? Songent-elles à demeurer ainsi ouvertes, indéfiniment ?
Mais l’éternité n’est qu’un désir rémanent d’humains, un concept pour les étoiles. Il n’effleure sans doute pas l’amen des corolles d’un jour, filles de lune et d’étoiles.
Et quelques gouttes plus tard
belles de nuit refermées
(29 janvier 2019)