Le bulbul de l'araucaria
BULBUL DANS L’ARAUCARIA
Mon café
soudain parfumé
à l’évi
L’oiseau m’appelle. Il est au sommet de l’araucaria du voisin ; seule sa tête est visible, dépassant du fouillis des aiguilles : invite à la photo, comme l’autre jour.
Mais le bulbul n’a pas envie de poser aujourd’hui. Le temps d’aller chercher mon appareil, il s’est volatilisé. Comme celui de l’autre jour… peut-être le même oiseau ou alors son frère.
Venant de quelque part au-dessus, plus loin, un sifflement moqueur : « Tu n’as qu’à me peindre ma vieille ! »
Je rage, larmes aux yeux, comme une petite fille à qui l’on refuse un caprice. Le don de peindre, de dessiner ne fut pas accordé à mes mains malhabiles, incapables de prendre les mesures des choses, de les inscrire dans un volume proportionné.
Ah ! Me voilà privée d’une de ces choses remarquables que je voudrais faire et dont se moquent (à raison) mes amies.
« Cesser de vouloir que ma vie porte des fruits dès maintenant », écrit Etty Hillesum.
… que ma vie porte des fruits, tout simplement. Laisser cette mission aux arbres fruitiers.
Chant d’amen
bulbul de l’araucaria
je t’ai vu
Et cela doit me suffire. Prendre modèle sur le liseron dont j’ai observé les tentatives pour grimper à l’avocatier ; le vent a cessé et, faute d’élan, ses essais sont restés infructueux.
Vers la ruelle
le liseron balance
festons de feuilles
Illustrer mon billet d’aujourd’hui d’une photo que j’emprunterai à Jocelyne. Bulbul de Saint-Denis ou phoque de Berck, il suffit de se décaler de quelques pas.
(9 avril 2019)