Rêve avec oiseau

RÊVE AVEC OISEAU

Fin d’après-midi

des ronds de lumière

sur le papier

Dans mon rêve. Le pigeon s’est fait attraper par le chat. Le pigeon ou un bel oiseau au plumage sombre aux ailes étendues. Le chat roux… qu’il est rapide.

J’ai voulu photographier l’ombre sur le mur : l’âme de l’oiseau qui s’envolait, du pigeon qui s’était échappé, trop gros pour le matou.

Et mon rêve s’effrite, tout au long de la journée. Bientôt ne restera plus que l’ombre de cette ombre. Un rien. L’impression d’un oiseau dans la gueule du chat. Si peu. L’essentiel.

Si j’étais peintre, je lancerai quelques traits roux — Es-tu encore certaine que le chat était roux ? —, du roux tirant sur le jaune ; j’étalerai une tache grise, genre tache d’encre aux contours aléatoires des tests Rorsach. Tache se diluant dans le mur blanc.

Je sais l’endroit sous les crotons rutilant d’ors, d’habitude. Mais là, ils n’osent pas ; ils ne se mettront pas du côté du triomphe du chat.

Ce tableau qui s’inscrit dans ma tête, un peu bancal, asymétrique, comment le recomposer avec des mots ?

Image baignant dans le flou de ma mauvaise vision récurrente, myopie à l’origine et aujourd’hui réduction du champ visuel qui me fait toujours voir des choses étranges…

Ne bougez pas. Ne regardez pas. Regardez l’étoile, la tache, verte, rouge, les petits points lumineux sautillant à droite, à gauche comme des farfadets.

(11 avril 2019)