Coup de bec
COUP DE BEC
Entraperçu
l’oiseau-lunettes
échenille
Remue-ménage dans le buis de Chine, invisible, l’oiseau échenille ou épuce(ronne). Petits oiseaux du dimanche toilettant l’arbre, lui enlevant ses parasites. Ceux, minuscules que mon œil ne distingue pas.
Et l’oiseau, à peine aperçu… je sais qu’il est là, qu’il se fond dans les feuilles qui sautillent sous son impulsion. Que l’arbre croisse, se dresse dans l’alizé de mai ! Qu’il porte fleurs à la prochaine pluie ! Qu’il porte fruits !
Coup de patte
prière du chat
impatient
louer la main qui donne
les croquettes
Il attendra, le chat. Je suis d’humeur paresseuse aujourd’hui, mes mains ne consentent qu’à enfiler mes lettres. À l’écoute de l’instant qui passe aussi fugace que les ailes. Ne pas faire comme la fourmi qui balaie la page — trop vite pour lire — insoucieuse des coquilles de mon écriture.
Rêver d’une équipe nettoyeuse épouillant mes phrases de leur trop-plein : verbes, adverbes, adjectifs, superlatifs — et incises, me souffle èmegé, main gauche gardienne en écriture — ne laissant que l’essentiel. Mais l’essentiel est toujours dans le silence, dans ce qui demeure au fond de soi.
Arrivée aux marges vides (souvenir de maman, du temps de pénurie de papier pendant les guerres, quand elle écrivait entre les lignes, sans laisser de marges), la fourmi fait demi-tour, revient à la provende des mots, pas très fournie ce matin. De toute façon, rien à manger là-dedans…
le goût de l’encre
la fourmi fuit
mes lettres bleues
(5 mai 2019)