Les fleurs du poète
LES FLEURS DU POÈTE
Du jardin d’amie
ancolie, muguet, pavot
fête du travail
Porte-bonheur de poètes. Un poète ne saurait écrire sans mêler des fleurs à ses mots : ancolies couronnant Ophélie, le temps du muguet qui ne revient jamais de la chanson, au bois… Y a des petites fleurs, y a des petites fleurs… et ce coquelicot qui me dit toujours quèqu’ chose.
Au matin plus frais de mai, j’ai ressorti une petite laine, raccrochée au portant depuis un an.
Au fond de ma poche
sachet de graines oubliées
d’automne passé
semant des coquelicots
lier hier et aujourd’hui
Ces fils tendus entre les lieux, les époques, n’est-ce que hasard ? Coïncidence ?
J’aurais pu ne pas porter ce gilet noir là, pour me réchauffer ce matin. Faut-il croire que si j’avais endossé le paletot bleu, c’est lui qui aurait celé ces semences ?
Faut-il se dire qu’il arrive ce qui devait arriver ou faut-il plutôt être prêt à capter l’infime surprise du jour, à prendre ce qui nous est offert et forger ce qu’il adviendra ?
Le vent a forci et dans mon alcôve-véranda (alcôveranda ? Joie d’un mot valise) je me délecte à laisser couler les lettres.
Mots qui tombent
au rythme des gouttes
robinet
que j’ai mal fermé
est-ce hasard ?
(2 mai 2019)