Les fleurs du poète

Publié le par Monique MERABET

Photo Monique Leroux-Serres

Photo Monique Leroux-Serres

LES FLEURS DU POÈTE

 

 

 

Du jardin d’amie

ancolie, muguet, pavot

fête du travail

 

Porte-bonheur de poètes. Un poète ne saurait écrire sans mêler des fleurs à ses mots : ancolies couronnant Ophélie, le temps du muguet qui ne revient jamais de la chanson, au bois… Y a des petites fleurs, y a des petites fleurs… et ce coquelicot qui me dit toujours quèqu’ chose.

Au matin plus frais de mai, j’ai ressorti une petite laine, raccrochée au portant depuis un an.

 

Au fond de ma poche

sachet de graines oubliées

d’automne passé

semant des coquelicots

lier hier et aujourd’hui

 

Ces fils tendus entre les lieux, les époques, n’est-ce que hasard ? Coïncidence ?

J’aurais pu ne pas porter ce gilet noir là, pour me réchauffer ce matin. Faut-il croire que si j’avais endossé le paletot bleu, c’est lui qui aurait celé ces semences ?

Faut-il se dire qu’il arrive ce qui devait arriver ou faut-il plutôt être prêt à capter l’infime surprise du jour, à prendre ce qui nous est offert et forger ce qu’il adviendra ?

Le vent a forci et dans mon alcôve-véranda (alcôveranda ? Joie d’un mot valise) je me délecte à laisser couler les lettres.

 

Mots qui tombent

au rythme des gouttes

robinet

que j’ai mal fermé

est-ce hasard ?

 

(2 mai 2019)

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