Ramages
RAMAGES
Envol de pigeons
jour d’automne sans vent
on dirait des feuilles
Les oiseaux font frémir les ricins ; ils impriment aux feuillages leurs mouvements. C’est pour cela que je les confonds souvent, feuilles et oiseaux. Feuilloiseaux.
Peut-être ai-je cette arrière-pensée de peintre manquée* : c’est facile à dessiner une feuille… donc un oiseau. Le tracé d’un limbe simple semble accessible à mes doigts gros-doigts *, il suffit de rajouter une brindille pour le bec.
Les animaux que nous confectionnions avec les fruits du verger, chouchous des lianes foisonnantes, ti jaque poussant en grappes pléthoriques à même le tronc… Quatre bâtonnets pour les pattes et la queue — attention à les enfoncer symétriquement pour ne pas se retrouver avec une vache bancale —, un fruit plus petit pour la tête. Bestiaire rudimentaire qui nous conférait, l’instant d’un jeu un fé sanblan d’éleveuses, cabris, moutons, cochons, ti bœuf… troupeau réduit car « Marmay, plume pa toute, lèss in pë pou le kari, hein ! »
Temps qui passe
s’étendant sur le mur
ramage d’ombres
J’aime beaucoup ce terme de ramage, composition mêlant fleurs, feuilles et plumages ; oiseaux se fondant dans le paysage. Et ce ramage qui évoque aussi les gazouillis dans les arbres.
Quant au verbe « ramager » (vx, dit le dictionnaire), il signifie chanter. Terme à rajouter à mon vocabulaire afin de ré enchanter le monde.
(19 avril 2019)
*manqué : ce qu’on a failli être, qu’on a rêvé d’être
*gros-doigts : malhabile