Sauvetages
SAUVETAGES
Le chat à la fourche
de l’avocatier s’élève
un frémissement
Ce qui agite les feuillages ? Un oiseau, un lézard, une sauterelle… Je voudrais tout savoir.
Hier, j’ai sauvé une musaraigne de la noyade et du chat. Sauvée ? Hum… sortie des eaux, c’est certain. Mais aura-t-elle la force de s’enfuir, trouver un refuge que les félins ne sauront atteindre ? Courra-t-elle plus vite que le chat ?
Le temps aussi, est un chasseur redoutable quand il nous traque, vibrisses écartées. Il finit toujours par nous rattraper, par nous coincer entre deux tâches urgentes à mener. Vite ! Vite ! Vite !
Hier, j’ai sauvé un petit lézard tout noir à longue, très longue queue. Il se prélassait dans la bassine bleue, à sec ; il se croyait à l’abri, attrapant les moustiques qui rôdent dans ce coin lavoir.
Oh ! Si matou blanc ou matou roux passait ! Ils ne les consomment même pas, les lézards. Juste pour le plaisir ? Comme cette « chasse de loisir » que l’on veut autoriser à nouveau au Brésil. Vite, un stylo… sauvons la forêt ! Nos pétitions seront-elles suffisantes ?
Plus vite que le chat
plus vite que le temps
un, deux, trois… mes rides
Ai-je vraiment sauvé ces bêtes? Ne les retrouverai-je pas, musaraigne sanguinolente, lézard crucifié, près de la porte d’entrée ou sous la table où j’écris ? Offrandes peut-être à Ma Majesté contre quelques miettes de mon rôti…
Le lézard vert
— pousses vertes aux carottes —
a perdu sa queue
(30 avril 2019)