Sauvetages

Publié le par Monique MERABET

Sauvetages

SAUVETAGES

 

 

 

Le chat à la fourche

de l’avocatier s’élève

un frémissement

 

Ce qui agite les feuillages ? Un oiseau, un lézard, une sauterelle… Je voudrais tout savoir.

Hier, j’ai sauvé une musaraigne de la noyade et du chat. Sauvée ? Hum… sortie des eaux, c’est certain. Mais aura-t-elle la force de s’enfuir, trouver un refuge que les félins ne sauront atteindre ? Courra-t-elle plus vite que le chat ?

Le temps aussi, est un chasseur redoutable quand il nous traque, vibrisses écartées. Il finit toujours par nous rattraper, par nous coincer entre deux tâches urgentes à mener. Vite ! Vite ! Vite !

 

Hier, j’ai sauvé un petit lézard tout noir à longue, très longue queue. Il se prélassait dans la bassine bleue, à sec ; il se croyait à l’abri, attrapant les moustiques qui rôdent dans ce coin lavoir.

Oh ! Si matou blanc ou matou roux passait ! Ils ne les consomment même pas, les lézards. Juste pour le plaisir ? Comme cette « chasse de loisir » que l’on veut autoriser à nouveau au Brésil. Vite, un stylo… sauvons la forêt ! Nos pétitions seront-elles suffisantes ?

 

Plus vite que le chat

plus vite que le temps

un, deux, trois… mes rides

 

Ai-je vraiment sauvé ces bêtes? Ne les retrouverai-je pas, musaraigne sanguinolente, lézard crucifié, près de la porte d’entrée ou sous la table où j’écris ? Offrandes peut-être à Ma Majesté contre quelques miettes de mon rôti…

 

Le lézard vert

— pousses vertes aux carottes —

a perdu sa queue

 

(30 avril 2019)

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