Lettres de juillet (1)

Publié le par Monique MERABET

Lettres de juillet (1)

LETTRES DE JUILLET (1)

 

 

 

Lettres de vacances

caravane de nuages

un chien aboie

 

Vacances sur place, à regarder passer les nuages. Et je n’ai rien de plus stimulant que ce chien qui aboie… la caravane passe. Dérision.

Écrire des lettres de vacances sans bouger de sa véranda, est-fiction ? Est-ce tricher ?

Mes pensées accompagnent nuages et oiseaux… et tout ce qui passe à portée, tout ce qui bouge et frémit. Même le chat.

Le chien qui aboie laisse passer la caravane des souvenirs. Ma mémoire est un vaste caravansérail ; je peux y puiser tant de sensations.

Au présent, tant de menues tâches à accomplir, de celles qui font qu’une journée de retraitée ressemble à quelque chose, qu’elle tient la route. Pas une bouillie d’instants pour le chat et pour le chien. Pas uniquement pour eux.

Ou alors — puisque ce sont les vacances, n’est-ce pas ? — faire qu’elle ne soit qu’un assemblage de riens, laisser les oiseaux mener la danse dans l’araucaria.

 

Tout en haut

un bulbul posé

puis un autre

ils sont repartis

vol en couple

 

C’est dimanche pour les amoureux. Les nuages peuvent-ils tomber amoureux ? J’ai gardé l’image de ces poissons blancs se bécotant sur un banc de corail. Sauvons les coraux.

Baiser de poissons, becquée d’oiseaux. Si ce n’est l’élément qui change, ne sont-ils pas aussi gracieux, plus légers que l’air, plus légers que l’eau ?

 

Maman les p’tits nuages

flottant là-haut

ont-ils nageoires ?

Mais oui mon gros bêta

s’ils ne nageaient pas

ils tomberaient en bas

 

Ciel et mer se confondent-ils/elles à l’horizon ? Ce mince trait, se dérobe toujours à qui tente de l’atteindre. Pas même en rêve.

Nuages devenant poissons, poissons devenant nuages et les oiseaux jetant leurs sorts à tire-d’aile. Prestidigitation.

 

Juillet. Je t’écrirai tous les mirages flottant dans l’azur — air ou eau —, tous les villages serévélant entre deux clins de soleil, quand les yeux se brouillent d’avoir trop fixé. Comme les œufs brouillés se solidifiant dans la poêle… Ah ! Elle n’est pas belle ma métaphore ?

Je te raconterai le silence du soir qui tombe sur le parc se vidant peu à peu de ses randonneurs/pique-niqueurs, la lune inscrivant son arc entre deux ramures, les cris joyeux des enfants qui font éclater les derniers ballons de l’anniversaire en les lançant dans cet arbre épineux. Comment s’appelle-t-il ?

 

Vol de chauve-souris

ciel encore trop clair

pour distinguer les étoiles

 

(7 juillet 2019)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article