Ondoiement
ONDOIEMENT
Ondoiement dans l’herbe
mon éternuement disperse
un rond de fourmis
Pour commencer, j’ai hésité entre ondoiement et ondulation. L’ondoiement n’est-il pas un mot trop précieux pour un haïku ?
Ah ! Le haïku, justement… Qui a dit qu’il fallait se restreindre aux mots les plus usuels ? Le haïku n’oblige-t-il pas à être précis ?
Ondoiement : mouvement d’ondulation. C’est ce que dit le wikitionnaire. Il y a mouvement et c’est lui qui propage la vie.
Ondulation est plus statique, plus visuel. Par exemple : l’ondulation cuivrée dans les cheveux du jeune garçon croisé dans la rue. Figée, fixée par la laque ou le gel. Ondoiement porte en plus le cheminement sinusoïdal.
Ma préférence à ondoiement, donc. Fermement. Définitivement.
Et puis ce sens second de baptême : signification sous-jacente pour ceux qui connaissent, pour ceux qui y pensent. Peut-être l’assemblée des fourmis se livrait-elle à ce cérémonial avant la dispersion. Un nom à donner à une herbe, dans l’urgence ?
Travail d’écriture. Chaque mot a son poids, chaque mot a sa place. Chaque mot écrit devient inamovible.
Par contre la syntaxe peut être bousculée, pour peu qu’elle reste claire et compréhensible. Combien de non-dits dans l’absence d’une virgule, dans un point final coupant la phrase avant l’aveu explicite, la pensée de l’auteur…
L’artiste qui écrit, comme l’artiste qui peint, peut gommer le détail d’un portrait comme on rend une photo floue ou au contraire en rajouter, démultiplier yeux, nez, bouche… photo qui louche.
Au-dessus du café chaud
ma journée est nébuleuse
(2 juillet 2019)