In vino veritas
IN VINO VERITAS
Avant le café
le matin des oiseaux
tiédeur de couette
Le matin des poètes, des écrivains, des haïjins, commence souvent par un café : café coulé pour les nostalgiques de café la grègue, expresso, ristretto, café vanille, café cannelle… In vino véritas, disaient nos aïeux. Comment dit-on café en latin ?
Matin vacant
scruter l’essence
du café
Lire à travers la noirceur (synonyme d’amertume ?) se dissipant pour laisser place au soleil. Et si l’on n’y décèle rien, limiter son regard à la surface, lire les traces que laissent les impuretés du sucre roux de canne : paysage, arbre, oiseau, plume ou feuille ou ce visage « toto », tout rond, deux ronds pour les yeux, un rond pour la bouche. Visage-smiley que je pourrais dessiner comme mien.
Sortir du sommeil
ce visage rond
selfie du matin
In vino veritas : l’inscription figure sur le cadran solaire du château de Pommerol : trésor glané en cherchant l’auteur de la pensée (Pline ?) au hasard d’un site gougolisé.
Vérité ? Celle qui émerge aussi du puits… nue et belle.
Mais le puits de vin, ça n’existe pas. Pas plus que le puits de café. Cafetière, je te baptise puits.
Alors adoptons l’adage complet : in vino veritas, in aqua sanitas. J’aurai ainsi contribué à la saine éducation de nos marmays.
Faut-il préférer la santé à la vérité ? Ne dit-on pas « Santé » en se portant un toast alcoolisé ?
Oups ! Voilà mon discours glissant à la Bourvil, dans son rôle d’ivrogne qui chante les vertus de l’eau ferrugineuse. Qu’y avait-il dans mon café ce matin ?
Café arrosé au rhum, comme ceux qui se débitent dans les bistrots du Nord ? Un air de séga me trotte dans la tête
Rumm ton kafé Tonia
Rumm ton kafé
na boir in kou…
Mais « Le rumm la pa bon minm » dit une autre chanson.
(13 aout 2019)