Lettres de juillet (4)
CHAT SACHANT CHASSER
Souffle d’alizé
pourpre du clerodendron
un bulbul furtif
L’autre jour je me demandais ce qu’il pouvait bien chercher dans cette masse verte impénétrable à ma vue. La fleur cachée pour moi, son instinct (intelligence ?) d’oiseau l’a mise à jour.
Il faut voir l’oiseau effeuiller une inflorescence, la dépouiller de toutes ses bractées rouges, ne laissant que le cœur lie-de-vin ; c’est de cela qu’il se nourrit, des graines en formation. Ou des insectes qui y trouvent refuge.
Elles sont si attirantes les fleurs en grappes, pistils et étamines déployés. Pleine saison.
Je guette déjà les plants d’iris, le renflement d’un bourgeon qui grossit, grossit. Mais juillet ne laisse encore rien voir de l’iris en gestation. Apprendre la patience d’un épanouissement.
La tomate a pris du volume ; j’espère que les sarabandes des chats sautant par-dessus la clôture l’épargneront.
À l’affût
la tête du chat en pixels
ombres et lumière
J’ai suivi le matou blanc en chasse : il a grimpé au vieux cactus (espèce sans piquants), s’est enfoui dans le buis de Chine (on a entendu chanter là-haut), puis s’est allongé dans l’herbe (sur la piste d’un escargot ?)… Il cherche lui aussi son trésor du jour.
Miaulement
sous la table où j’écris
tourterelle morte
Gratitude du chat ? Ah ! Je me sens coupable.
(11 juillet 2019)