Lettres de juillet (5)
LA HOULE ET LE VOLCAN
Alerte forte houle
sur mon café les crêtes
d’un tsunami
Mon café : estampe japonaise. Si j’étais peintre, graveuse, je pourrais m’en inspirer. Rêver d’illustrer mes notes de chaque jour d’un dessin, d’une esquisse, d’un trait… Ah, pas même en rêve ma fille !
Me concentrer sur les mots : noter les coïncidences, les résonances, mais aussi les différences, les dissonances. En intérieur et extérieur, il y a la frontière de mon corps, de mes pensées, les brèches de mes sens. Un équilibre à trouver.
C’est cela accomplir une existence.
Accomplir une œuvre romanesque aussi. Personnages de raison dedans/dehors, séparant les terres des eaux, les actes des souvenirs, la nuit du jour, laissant en dormance ce qui fait mal, ce qui fait du mal. Personnages fous qui ont rompu leurs digues, qui confondent le vrai, le faux, le laid, le beau, qui laissent tout s’échapper, le bon et le mauvais. Personnages de bronze, campés sur leur foi, leur détermination, personnages de cire qu’un rai de soleil fait fondre et chuter…
Ainsi ce triptyque de nouvelles ayant pour toile de fond le volcan et ses éruptions dévastatrices : avril 1977, avril 2007. Entre les deux la cacophonie d’un délire, celui du dessous, tutoyant les enfers.
Bâtir son roman comme on bâtit un vêtement, avant essayage, avant correction.
« Ah ! ricane MG (Main Gauche censureuse, arbitre des élégances littéraires), ce n’est pas une bonne idée de comparer ton écriture à un ouvrage de couture, toi si malhabile de tes doigts ! »
Lundi d’après fête
ma nouvelle inachevée
la tomate s’arrondit
(15 juillet 2019)