Mes instants
MES INSTANTS
Pointe d’un iris
Mignonne allons voir, matin…
chenille invisible
espérons qu’elle se prépare
à devenir papillon
Le feuillage vert un peu glauque du citronnier brosse un cadre sous-marin. Sous mes yeux, là sur la photo, la chenille se fait tour à tour algue, poisson, hippocampe… Au bout y aura-t-il une sirène ?
Croire au merveilleux. Pourquoi pas ?
Dire ce matin de printemps. Encore ma préférence pour les chants de l’aube. Je m’étais promis, pourtant, d’accueillir chaque instant qui passe avec la même foi, le même allant. Quelle mauvaise mère, je suis!
Les instants que j’ai souvent dérobés au temps qui passe, les plus fous, les plus rigolos, les plus attendrissants, ceux qui s’échappent du gros sac d’heures un peu élimées… il en a tellement, le temps, qu’il ne se rend même pas compte de leur disparition, ne sont-ils pas tous mes enfants ?
Mes sens les enfantent au rythme de mon cœur, de mon souffle ; ils dansent et s’immobilisent soudain, à l’affût de la fleur, de l’oiseau, de la chenille ou de l’humble moucheron qui se contente d’une moitié de fuit sûri.
Instants de jour à vivre, instants de nuit à rêver, n’êtes-vous pas tous mes instants d’artifice : bulles d’espoir, étoiles… encore un, s’il te plaît !
Instants suspendus au parfum du jasmin, à la pointe crème d’un iris pour demain. Crème ? Et pourtant, je connais les teintes de la fleur qui s’ouvrira… Chut ! Laissons-lui le plaisir de m’en faire surprise.
Les yeux clairs du chat
ne regardent que mes mains
ces mots charabia
pour philosophie féline :
manger et dormir… rêver.
Ah ! je sais pourquoi les instants de jour, d’éveil me sont si chers. Écrire.
(3 septembre 2019)