Pensées pour le jour
PENSÉES POUR LE JOUR
Un peu de rose encore
s’accroche aux flancs des montagnes
un deux trois… soleil
Je guette l’iris futur, renflement qui gonfle au giron des feuilles : ce qui lui sera tige et pétales et couleurs. L’iris d’un jour profitera du soleil de la première goutte de lumière à la dernière. Fleur solaire.
Il est étonnant qu’aux deux extrémités du jour, ce soit crépuscule. Déclin de jour ou de nuit, bornes fluctuantes d’un plage de temps élastique entre deux solstices. Et toujours les alignements d’oiseaux ; ceux du matin sur la portée de fils barrant mon horizon. Barre d’oiseaux comme on dit barre du jour, ballet de toilette, une aile levée, un bec, une ritournelle d’ailes… c’est ce que chante leur partition.
Le soir, ce sont plutôt les pigeons, serrés les uns contre les autres pour jouir des derniers rayons. Plus une place de libre. Tant pis pour les retardataires.
Je vais photographier la chenille qui grossit, fixer une étape de la métamorphose chaque matin, à la même heure.
Rester dans la lenteur des choses. Sans déranger le liseron qui cherche en vain le seau du puits… qui s’accroche à une herbe, je te baptise puits.
Sans déranger l’énorme araignée, babouk mâle s’agrippant au pot ; il attend peut-être sa dame perdue au creux d’un autre pot, d’un tronc… A-t-il un chant qui l’appelle depuis l’autre bout du jardin.
L’hiver est farfouillé d’un peu de brise. Tout en haut du bois de corail, la dentelle des feuilles jaunies. C’est leur devoir de jaunir et de tomber, de ne laisser que tige nue avant reverdissement.
Parfois, je me sens en vacance. Rien à dire, rien à faire. Lire quelques tweets, pensées en puzzle que je ne reconstituerai jamais. Est-ce ainsi que les hommes vivent, pensées éparpillées ?
Un chant, deux chants…
ai-je reconnu celui
du cardinal ?
26 aout 2019)