Le dernier dimanche
LE DERNIER DIMANCHE
Grand silence
du dernier dimanche
an 19
Non, rien d’apocalyptique : une quiétude que recouvrent les nuages. Oiseaux postés sur les fils, voyez-vous venir le soleil ?
En bruit de fond, chants de tourterelle, une voiture ou deux et peut-être le grondement sourd de la mer recevant les eaux boueuses des ravines.
Toile de fond pour le dernier dimanche de l’année. La trêve dans la trêve. Instants creux où le temps se perd.
Tournez, tournez les manèges
et nos vœux à pleins wagons
Les écrire enfin. Les formuler bientôt. Les épingler aux semaines à venir. L’année nouvelle a besoin de cet égrégore bienfaisant, des souhaits, des bénédictions. Une bonne santé, surtout.
Les souhaits irréalisables à intégrer, dann ron… Et si on ralentissait un peu ? Le train du monde va trop vite. Je peine à entendre les informations débitées comme au prompteur sur la radio, dans les chansons… Je m’essouffle à le rattraper, tout en sachant que je n’y parviendrai pas, qu’il filera sans moi, compartiments clos, personne aux fenêtres pour me dire un adieu.
« Souhaitez-moi bon voyage », disait ma mère aux ultimes voyageurs du bout de sa vie.
Notre destin est-il de rester plantés là, sur un quai ruisselant, où les empreintes se sont toutes effacées ? Sans même un petit caillou dont la chute nous permettrait d’éprouver la présence de l’éternité : durée infinie d’une contemplation, un jour de grâce.
Ni regret, ni amertume, cependant.
L’instant que je préfère est l’ici et maintenant qui prolonge les moments déjà vécus.
Aux vivants, les mains toujours pleines !
Temps de préalerte
une poignée de cerises
remplissant mes paumes
(28 décembre 2019)