Bel arbre, devenue
BEL ARBRE DEVENUE
Pluies de janvier
La liane du kanbar* change (*igname)
d’orientation
Adopter le chemin qui lui permettra d’aller plus loin, plus haut…
Commencer un jour, une semaine, un mois, une année… une vie. Chaque instant en amorce un autre. Sorte de « génération spontanée » ; le temps a horreur du vide.
Cette horreur du vide, superstition anté-scientifique, précepte d’ignorance pour tout expliquer de la nature, des phénomènes auxquels la planète est soumise.
Terre de ma naissance. Celle que j’ai rencontrée pour « un bout de chemin ensemble ». Et si nous étions infinité d’entités qui ne peuvent prendre chair qu’en arrivant sur terre, dans un ventre de femme ? Foule d’âmes errantes cherchant la direction de la voie lactée : Trop tard, vous l’avez ratée de quelques années-lumière… et c’est reparti pour un petit tourbillon sidéral !
La Terre, ma Terre, mon point d’ancrage et l’éjection — place aux autres — au bout d’un certain temps. Au mieux quelques décennies de compagnonnage pour l’humain, une continuité pour elle… peu importe qui s’ancre à elle, le contact de nos pieds est interchangeable, fougères, dinosaures ou hommes…
La Terre… rien qui m’appartienne. Comme je ne lui appartiens pas non plus. Que lui laisserai-je ? Pas même une empreinte franche, juste un petit tas de poussières, une poignée de cendres qui se mêlera à sa propre structure.
Et puis, une graine germera : une fleurette vite fanée, un bel arbre, racines griffées à ses entrailles… qui la pénètreront, s’en nourriront et laisseront en paiement humus de feuilles, de fleurs, de fruits, d’autres graines.
Chant de pluie
un largo d’espérance
en écho
(20 janvier 2020)