Flocons de ciel

Publié le par Monique MERABET

Flocons de ciel

FLOCONS DE CIEL

 

 

 

Méditer

sur une phrase de Bobin

quand tombe la pluie

 

« Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l’âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans le monde, la seconde balance l’âme jusqu’au ciel. »

(Christian Bobin dans La plus que vive)

 

Avancée de brume

se détachant des montagnes

un nouveau monde

 

Méditer. Et ne rien écrire. La pensée de Bobin se suffit à elle-même…

 

Rumeur de ville

j’entends la mer gronder

ou les pneus qui chuintent ?

 

Qu’importe ! Qui m’empêche de poétiser, d’attribuer  le bruit à l’océan tout proche ? Une rue à descendre… Je sais sa présence, son ressassement.

Kosa in shoz ? In sézi i bate é i robate ? (Qu’est-ce que c’est ? Un tapis qu’on secoue sans cesse ?)

Devinette créole pour dire le mouvement perpétuel, le balancement propice à la méditation. La mer, lieu pour naître et renaître, corail ou coquillage.

Aux Seychelles on a lancé une opération « Adoptez un corail » afin de réensemencer les barrières coralliennes dégradées. Renaissance. Réparation.

Naître animalcule, renaître fleur.

Naître corps, renaître âme.

Et la pluie qui fait naître/renaître pousses nouvelles, graines qui germent. Le bon grain et l’ivraie, différenciation humaine. Pour les insectes, chaque plante est nourriture, abri, nichoir.

 

Il pleut il mouille

au pied de l’avocatier

œufs d’escargots

 

Tout à coup, s’inquiéter des liserons, de leurs fragiles corolles pastel. Courir à leur rencontre. Flocons de ciel bleu mis à notre portée.

 

Droits sur leurs tiges

liserons après la pluie

sans un faux pli

 

Les gouttes leur tombent dessus si doucement. Délicatesse d’une bénédiction.

 

(10 mars 2020)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article