Mon nom sera Nuit

Publié le par Monique MERABET

Mon nom sera Nuit

MON NOM SERA NUIT

 

 

 

Mon nom sera nuit

lune posée sur mon front

poinçon d’orfèvre

 

Ce tweet de l’aube de Dora Libellule évoque aussi la lune « comme un poinçon dans le ciel ». La lune authentifiant, certifiant le ciel, la nuit, comme quelque chose qui nous est précieux.

Nuit. Je voudrais m’appeler Nuit.

La belle de la pleine lune fleurie sans que je m’en aperçoive.

 

Et le lendemain

ce cocon de blanche écume

qu’en sortira-t-il ?

 

La faute à la pluie nocturne, au vent. Ils ont dansé avec la Nuit. Sans moi. Je ne m’appelle pas Nuit.

Avec la nuit, s’apaisent les maux, et vient l’oubli du tourbillon des fiévreuses questions journalières. La nuit, il suffit de se réveiller pour quitter le cauchemar.

Quelque chose de plus doux s’installe. Recroquevillée (rakokiyé) sous la couette pour mieux écouter la pluie.

 

Rupture de silence

la musique des gouttes

emplit la chambre

 

Dans le brouhaha des journées, on ne l’entend pas toujours la pluie. Mais avec la Nuit, sa mélodie efface l’obscurité, le fénoir des frayeurs… Avec la nuit. Je ne m’appelle pas Nuit.

En suis-je certaine ? N’est-ce pas là mon nom secret lorsque vient le soir, celui que m’ont donné les anges, celui que saluent les lueurs du couchant. Par la nuit, je suis reconnue.

Vivre avec la nuit est grâce de solitude consentie. On ne parle plus guère de solitude aujourd’hui ; elle s’est diluée dans les millions d’amis des réseaux sociaux, dans l’uniformisation des existences. Tous pareils, interchangeables…

Les écrivains s’en inspirent-ils encore ? Autrefois être seul relevait de la plus angoissante épreuve pour les gens ordinaires, ou de la sublime chance pour le penseur.

J’ai moi-même écrit ces chants de solitude au temps des élégies de prime poésie… Solitude de l’unique en robe grise se confondant avec la nuit.

Je voudrais m’appeler Nuit.

 

(11 mars 2020)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article