Comme si de rien...
COMME SI DE RIEN…
Vaisselle du soir
pendant que carillonnent
les cloches de Pâques
le son dans l’air en allé
comme si de rien n’était
Matin de Pâques. Pluie fine et d’un coup de vent, reparaît le bleu, une goutte à la pointe de chaque feuille.
Une fourmi passe sur mes mots et se dépêche de quitter la page. Holà Madame Fourmi ! Qu’a-t-elle mon écriture aujourd’hui ? Pas assez harmonieuse à votre goût ?
En dépit de ce passage trop rapide — offensant ? — de l’hyménoptère, je ne vais pas me vexer, moi sapiens sapiens, écrivante qui plus est ! Je ne vais pas me laisser démoraliser par l’infime bestiole !
Je relis la Genèse. Dieu Créateur « vit que cela était bon », leitmotiv qui parcourt le récit à chaque étape de création. Dieu s’étonnant peut-être devant l’œuvre accomplie. Le voilà soudain proche de nous, modestes créateurs de mots ou d’images. Ne sommes-nous pas parfois — pour un instant, pour un instant seulement — touchés par la grâce d’un rayon de beauté ? Quel auteur n’a jamais ressenti la joie d’avoir trouvé le mot juste, le poème, le haïku, la touche de couleur qui reflète l’allégresse d’un éclat de soleil, d’une ombre de la nuit… Bonheur d’avoir capté un peu des merveilles qui nous entourent.
Reproduire la nature, est-ce tricher ? Notre existence ne se construit-elle pas au fil de nos expériences sensorielles ?
Celle de la fourmi aussi. Bah !
Elle s’est sauvée
sans me lire
fourmi illettrée
(Petit journal de création 27, 12 avril 2020)