Coups de blues

Publié le par Monique MERABET

Coups de blues

COUP DE BLUES

 

 

 

En confinement

partager avec le monde

petits coups de blues

 

Cette « chose » qui rôde, qui nous a déjà atteints. Un peu comme une maladie universelle, sans symptômes déclarés mais qui a colonisé nos cellules. Qui n’attend qu’une faille immunitaire, une rupture d’isolement pour se proclamer concrètement.

Expérience terrible que certains (psychologues ou religieux) veulent faire passer pour une opportunité de vivre mieux… après. Quelque chose de bienveillant qui nous fera mûrir, qui nous mènera vers une renaissance — mais pas une résurrection ! — la conquête d’une nouvelle terre.

Pour peu qu’on en sorte vivants ! Car, bon ! la mort soudain devient palpable. Même si je sais, je sais : je suis mortelle et j’ai eu soixante et onze ans.

Gérer le quotidien est supportable malgré les courses à la merci de l’imprévisible, le frigo qui risque de se mettre définitivement en panne, les à-coups de la connexion internet, le jardin qui apparaît bien trop petit quand il s’agit de s’y aérer et bien trop grand à entretenir…

Du temps d’avant, « en somme nous regrettons tout, cela prouve bien que ce fut beau. » (Eugène Ionesco)

 

Grâce soit rendue aux fleurs du printemps et à tous ces sourires offerts même si on les sent souvent proches de nos larmes.

Happy news : ces koalas sauvés des flammes et qui reviennent aux eucalyptus.

 

Faire de l’interruption un nouveau chemin,

faire de la chute, un pas de danse,

faire de la peur, un escalier,

du rêve, un pont,

de la recherche…

une rencontre.

(Fernando Pessoa)

 

(Petit journal de confinement 10, 26 mars 2020)   

 

 

SPLEENS EN PATCHWORK

 

 

 

Pluie fine

sur Twitter gymnopédie

merci au pianiste

fascination pour les mains

égrenant les notes

 

Me voilà navigant en nostalgie, redécouvrant le spleen des romantiques :

 

Quelle est cette langueur

qui pénètre mon cœur ?

 

Petite tournée de grands poètes : Verlaine, Baudelaire…

La pluie fine de ce début de matinée accentue l’effet désenchanté, désenchanteur de ce onzième jour de confinement.

 

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville…

 

Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits

Pour un cœur qui s’ennuie

Ô le chant de la pluie

 

Légèreté de ces semi-alexandrins de Verlaine : la peine adoucie par la musique de cette farine de pluie, tôt ce matin.

les alexandrins de Baudelaire, eux, sont bien plus pesants et accompagneront la moiteur et la lourdeur de nos après-midis d’été.

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis…

 

Oh ! N’allons pas jusqu’à la strophe finale !

 

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique

Défilent lentement dans mon âme…

 

Arrêtons là. Le quotidien est déjà si dur à vivre

 

Trois jeunes enfants

dans un appartement

Allo… Maman travaille

 

Enchaîner sur le printemps

violon solo dans l’herbe

 

(Petit journal de confinement 11, 27 mars 2020)

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