Etude d'arbre
ÉTUDE D’ARBRES
Quelques taches
l’arbre suspendu
dans le temps
Études d’arbres de Paul Cézanne. Du vert et du bleu. Un peu d’ocre. L’arbre d’espèce inconnue — micocoulier ? Nom lancé au hasard : nous sommes en Provence, n’est-ce pas ? Et j’aime tant ce nom… — n’est pas encore piédboi mais une ébauche de quelques teintes flottantes.
Paradoxal accomplissement d’une toile qui semble inachevée, tant elle est dense de promesses, du non-peint pour l’imaginaire.
Je me dis que moi aussi, je pourrai dessiner un arbre comme ça. Mais je sais bien que non. L’esquisse est pensée et l’art du peintre établit la communication entre son intellect et notre ressenti.
Qu’est-ce qu’un arbre ? demandait l’un de mes poèmes. L’oiseau, comment le voit-il ?
Et le vent ? Comme une possible barrière, un frein à son souffle… ou plutôt instrument à faire chanter, à faire danser jusqu’à la plus timide feuille.
Vendredi saint
mon café bu – et la mangue
tombée aujourd’hui
étude picturale
Que peindrait Cézanne ?
Allons faire semblant : étude de la mangue posée devant moi. Je me demande s’il est séant de la déguster aujourd’hui, jour de jeûne. Prendre le temps de l’observer comme si… comme si… je la peindrai.
Beaucoup de jaune et des taches brunes. En grossissement. Une goutte de résine due au traumatisme de la chute sur le béton. Centrer peut-être su la marque du pédoncule détaché, comme un nombril.
La mangue et moi
me fondre en elle
la mangue est moi
(Petit journal des arbres 25, 10 avril 2020)