Les rails du temps
LES RAILS DU TEMPS
Rester aux abris
le volcan nous souffle
cheveux de Pélé
jusqu’aux seuils de nos maisons
faire un vœu peut-être
Petites et grandes catastrophes du jour : ces fils de lave solidifiée coupant comme du verre et qui se mêlent aux légumes des maraîchers ou à l’herbe que broutent les bœufs, le frigo qui se met en panne de refroidissement… et le confinement raton laveur.
Bah ! Si c’est pour écrire cela, il vaut mieux remettre capuchon à son stylo et… méditer.
Sur le temps par exemple, le temps confiné qui semble si long, ce temps prisonnier, ô temps suspend ton vol, a dit le poète imprudent. Le temps est-il mesurable ? Je reprendrais bien une pinte de bon temps !
Dieu a fait le jour et la nuit et le mouvement des planètes et la lumière à grande vitesse. Et nous, humains avons créé horloge, montre, clepsydres et sabliers, cadrans solaires…
Du temps à moudre pour poètes désœuvrés : en faire une collection de tankas ?
Voilà ma journée mise sur rail !
Mais attention ! Pas bien rectilignes, les rails ! Il suffit parfois d’un mot, d’un appel, pour le faire sortir du chemin tracé. Le temps trop linéaire, jugulaire-jugulaire*, sans espoir de retour en arrière.
J’envie l’ingéniosité de ces chemins de fer en zigzag accrochés aux flancs des pentes andines. Pas de place pour des lacets. Alors, le train va en arrière sur une piste adjacente et emprunte un nouveau palier de rails, au-dessus… Souvenir de voyage vers Cuzco ou Copacabana sur le lac Titicaca.
*expression créole qui évoque la sévérité militaire (autrefois symbolisée par la jugulaire du casque)
(Petit journal du temps 21, 6 avril 2020)