Réanimer

C'est dans le ciel, la nuit. Ce n'est pas la lune. Alors, c'est quoi?

RÉANIMER

Beaucoup de vert

beaucoup de bleu

avril sera-t-il chaud ?

En écrivant la date de ce jour, j’ai failli tracer les chiffres de dix-neuf…

Revenir à l’année antérieure. Comme on fait pour contourner un maxi-bug de son ordinateur, le plantage qui vous dépouille de tout. « Cliquer sur la commande Restaurer à l’état du… » Oh ! Quelle date choisirais-je ?

Oublier surtout les mauvais moments (il y en a eu ?), ne garder que les choses douces, simples, sereines, harmonieuses. Et pourquoi cela ne serait-il pas possible ? Revenir au passé antérieur… ce temps à la conjugaison si mystérieuse… et délicate.

Avant que l’on eut procédé au confinement, tout était-il si beau, si parfait ?

Revenir en arrière, un peu comme lors d’une réanimation, retour à la vie du temps qu’elle était souffle renouvelé de chaque jour, élan, envie.

L’action d’ouvrir ses volets, le portail — non, non, je ne m’éloigne pas à plus d’un kilomètre —, son esprit et son cœur. (Pas de limites imposées pour les deux derniers)

Laisser entrer la flamme d’un soleil, d’une lune, voire de la demi-lune d’hier, d’un sourire, d’une émotion.

L’oiseau

dans son chant me dit :

« Envole-toi ! »

L’horizon toujours en fuite. Celui de ce jour est fait d’ombres et de lumière. La fresque qui descend au fil des heures, se perdra bientôt dans les tiges du papyrus.

Nous sommes en avril 2020.

(Petit journal de réanimation 18, 3 avril 2020)