Conversations de lune à oiseau
CONVERSATION DE LUNE À OISEAU
Au frais du matin
les gazouillis se promènent
ton empreinte, oiseau
tu mets plus de joie au cœur
que vendanges ou moissons
Bonjour la lune ! Coucou ! Clin d’œil ! Tu sembles un peu cabossée déjà. Avec quel astre, quel double, t’es-tu battue cette nuit ?
Tu as gagné, hein ? Comme toujours, tu restes l’unique, seule à parader au ciel du matin, faire la nique au soleil qui te tient en désamour, de rendez-vous manqué en rendez-vous manqué.
D’ailleurs le soleil ne s’est pas encore montré, à l’abri d’une gangue de nuages, il attend que tu t’en ailles.
Le poète l’a chanté : « Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n’est pas là et le soleil attend… »
Ah ! J’emprunte à Blandine le joli tanka écrit à cette occasion.
Lune pâle à l’aube
d’un côté du ciel à l’autre
se tordre le cou
mais le soleil nous aveugle
dès qu’il luit, elle s’enfuit
Les oiseaux éparpillés sur les fils électriques, l’attendent encore ; ils savent qu’il viendra ; ils ne le confondent pas avec la pâle balle blanche qui se promène dans le ciel de l’aube et qui disparaît.
Hier, l’amie me dit : « J’espère que tu retrouveras ton beau désir d’écrire aux oiseaux. »
J’écris aux oiseaux, c’est vrai. Mais que comprennent-ils à mes haïkus de mouche pas même célestes ?
Que sais-je déchiffrer des triangles qu’ils laissent au bord de l’eau, moi qui n’ai même pas une mare à leur offrir à boire ?
Une, deux, trois
pattes d’oiseaux sur le sable
haïkus
(9 juin 2020)