Cachez-moi cet Eros

Publié le par Monique MERABET

Cachez-moi cet Eros

CACHEZ-MOI CET ÉROS

 

 

 

Au jardin de femme

carreau d’herbes adventices

ni bon grain ni ivraie

Ah! ce que le corps veut dire

comment puis-je l’exprimer !

 

Nuit blanche. Pensées cotonneuses au matin. La faute en est à ce texte « érotique » que je ne saurai écrire pour un recueil collectif. Impossible de mettre des mots sur ce que le corps veut dire… peut dire… Pas moyen de kass kontour dann shomin droite ! Éros est tellement lié à la sexualité, à l’emprise mâle de nos civilisations sur le corps des femmes que mes tergiversations — Dire ou ne pas dire — étouffent mes velléités d’écrire quelque chose de clair, quelque chose de beau et signifiant.

On écrit tellement avec ce que l’on est, ce que l’on vit, ce que l’on partage et ce que l’on tient secret.

 

De nuit sous la lune

un ver secrètement

creuse une châtaigne             (Matsuo Bashô)

 

Me réconcilier avec l’inspiration première des heures d’ombres et de lumières, de mes trésors enfouis sous mes tas de cailloux… ne pas déranger. L’équilibre est si fragile. J’exerce mon droit de retrait. Les auteurs en ont bien un, non ?

Avant que le soleil ne l’inonde, je photographie la curieuse plante — genre poinsettia tout vert — montée si haut depuis le pot où une graine a germé. Venue en secret, de lune peut-être, ou semée par un oiseau ou un insecte, ou le vent, je ne sais.

Envie de lui donner un nom. Pour mieux l’aimer.

Quant à l’érotisme, me limiter à un haïku ? Mais je ne saurai égaler celui de Masajo Suzuki (1906-2003) :

 

Souhaitant être amoureuse,

je fourre une fraise

dans ma bouche

 

(13 juillet 2020)

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