Pourquoi pleurer
POURQUOI PLEURER
In mimite i jou
kosté konte ma jou
la po solèy
Mise au créole du haïku de « Image d’eau » : Chat qui joue / contre ma joue / soleil
Le temps est toujours à la froidure et au vent. Le franciséa sus ma fenêtre s’est cependant couvert de fleurs violettes, puis mauves, aujourd’hui blanches. L’arbuste nommé aussi « Hier, aujourd’hui, demain », défie les saisons, se complaît à jouer contre-saison.
Pourquoi pleurer
quand mon cœur est toujours gai…
La chanson de Vieux Joe me revient en mémoire. Celle que chantaient sans doute les esclaves dans les plantations américaines.
La musique leur était interdite en dehors du travail, les instruments défendus… Voilà qui me rappelle ce maloya pendant longtemps clandestin à la Réunion, musique et danse de Kaf, à l’origine de notre 20 décembre, fête de l’abolition de l’esclavage en 1848, et que l’on appelle toujours « fête kaf », d’ailleurs.
Alors, malgré les souffrances et la dureté des tâches à accomplir, ils chantaient au milieu des cotonniers.
« Les travailleurs noirs entonnent alors un chant rythmé par le labeur, parfois accompagné du bruit des outils du travail. » (La Vie, juin 2020)
La musique est résilience, régénération.
Fleurs de franciséa
votre musique d’hiver
sous ma fenêtre
Ah ! Le petit bruit des fleurs qui s’ouvrent ou se referment, le son produit lorsqu’elles se détachent et tombent. Seules les petites bêtes les entendent. Et peut-être inspirent-elles aussi le chant des oiseaux ?
Château de Versailles
aux mille reflets dorés
préférer ce chant
il nous vient tout droit du ciel
écho de musique astrale
(26 juin 2020)