Qui va... qui vient...
QUI VA… QUI VIENT…
Maillot de bain
rangé depuis si longtemps
une odeur d’iode
Peut-être irai-je revoir la mer tout à l’heure. Balade après le vote. Pouvoir emplir mon être du balancement des vagues. L’imaginer déjà, les yeux fermés.
Bourdonnement d’avion : d’en haut, la côte dessinée. En bas, contempler la rondeur des galets, reconnaître le grain du basalte du bout des doigts.
La mer, comme le ciel, porte vers l’infini. Juste le regret de ne pas y tremper les pieds. Pour photographier convenablement l’océan, ne faut-il pas y habiter un peu ?
Rêver d’imiter les martins ou les pigeons qui se précipitent au reflux sur la frange de sable noir qu’argente l’écume. Ils picorent je ne sais quoi d’invisible à mes yeux.
Autrefois, nous flânions sur la grève, retournant les galets (glanant au passage un en forme de cœur) afin de dénicher les tessons de verre polis et repolis par les marées. Bouteilles jetées à la mer, peut-être bien loin d’ici, éclis gardant intact le mystère de leur contenu, nuances vertes, bleues, brunes, opale ou — chance insigne — violettes.
Aujourd’hui les bouteilles en plastique étouffent les tortues ou s’agglomèrent en continent de fin du monde.
Ombres sur le mur
on y voit tant de choses
sorcière, hibou…
Enchantement. Et puis, la photo prise, j’y décèle quelque chose d’une tête de mort. Désenchantement.
Au buisson de franciséa, le violet d’hier, le mauve d’aujourd’hui, le blanc de demain. Réenchantement.
(28 juin 2020)