Au nom de la rose
AU NOM DE LA ROSE
Ciel couvert
demander des nouvelles
de la mare, je n’ose
Je l’ai vue complètement asséchée. La fin d’un monde d’oiseaux, de poissons, de libellules, de tortues… un univers pour rêver.
L’année COVID, l’année sécheresse… nos plaies modernes.
M’abreuver aux jardins, aux poèmes des autres, des hirondeaux qui ont grandi, du faon qu’un humain aide à retrouver sa mère. La beauté dans toute sa simplicité.
Ne pas oublier cependant d’admirer les roses que je juge parfois trop sophistiquée. mais sur quel droit se fonde mon jugement ? Ce n’est pas de leur faute, à elles, si elles ont été bouturées, greffées, hybridées…
Alors, ce matin, je pose un cœur à chaque tweet aux roses. Et je retiens ce tanka de Dora Libellule :
Elle s’est déployée
mais garde sa part secrète
la rose incarnée
tu te fais libellule
pour mieux l’entendre rêver
Rose-femme soudain révélée. Chair incarnat d’une intimité. La fleur porte dans ses gènes son parfum, la douceur de ses pétales et ses plissés ineffables que nul ne saurait effeuiller.
Rose-rêve d’un soupir qu’on ne saurait briser.
Rose mystique. Souvenir des litanies de la Vierge que Maman égrenait à la prière du soir. Et les répons « Priez pour nous » de plus en plus vagues de Papa qui s’assoupissait et lançait encore après la litanie arrivée à son terme.
Des qualificatifs que Maman récitait par cœur, je n’ai retenu que cette « rose mystique » et mystérieuse à souhait pour capturer l’attention d’une petite fille.
Aimer les roses comme on aime les enfants sans chercher à savoir de qui ils sont nés.
Je me demande si… pourquoi ne pas planter un rosier sur mon balcon ? Même si le printemps n’est pas encore là aujourd’hui — N’est-ce pas les iris ? — une envie de planter, de fouir, de malaxer la terre fait fourmiller mes doigts.
(26 juillet 2020)