Bulbul-girouette

Publié le par Monique MERABET

Bulbul-girouette

BULBUL GIROUETTE

 

 

 

Lectures au matin

des poèmes écrits hier

une fleur est née

 

Le bulbul-girouette (la girouette-bulbul) de l’araucaria ne parle pas encore de vent.

Elle-il me dit que le soleil est là, qu’il a vaincu la barre noire des nuages vers l’est. Il pleut de ce côté de l’île. Il pleuvra ici ?

Bah ! Une girouette ne peut pas tout dire. Surtout lorsqu’elle est amovible. L’oiseau est vite parti vers ses amours, son quotidien. Que font les oiseaux quand on ne les voit pas ?

 

Sur ma photo

plus grande que l’araucaria

rosette de feuilles

 

Nos sens non plus ne peuvent pas tout dire.

L’oiseau, la fleur, l’arbre, disent que le monde est beau, que le monde est vaste et sans limite. L’horizon n’est qu’une illusion circulaire, n’encerclant que du vent. Ah ! le haïku de Bashô :

 

Épouvantail dressé

il brise les cercles

du vent

 

Tout ce qui nous est perceptible n’occulte pas le fait « qu’il y a ici plus grand que le temple » (Matthieu) ». Ce qui est en nous, ce qui nous ramène au primordial, à la vérité. De quoi compléter les vers de Baudelaire.

 

La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers

 

Écrire relève de la parole, souvent, et si peu du dire. Tout ce qui est art n’est point dire. Il y a toujours une part d’imitation, d’artifice, dans l’art. Et nous devons nous en contenter. Avec joie, dans l’allégresse de l’émerveillement.

 

(17 juillet 2020)

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