Bulbul-girouette
BULBUL GIROUETTE
Lectures au matin
des poèmes écrits hier
une fleur est née
Le bulbul-girouette (la girouette-bulbul) de l’araucaria ne parle pas encore de vent.
Elle-il me dit que le soleil est là, qu’il a vaincu la barre noire des nuages vers l’est. Il pleut de ce côté de l’île. Il pleuvra ici ?
Bah ! Une girouette ne peut pas tout dire. Surtout lorsqu’elle est amovible. L’oiseau est vite parti vers ses amours, son quotidien. Que font les oiseaux quand on ne les voit pas ?
Sur ma photo
plus grande que l’araucaria
rosette de feuilles
Nos sens non plus ne peuvent pas tout dire.
L’oiseau, la fleur, l’arbre, disent que le monde est beau, que le monde est vaste et sans limite. L’horizon n’est qu’une illusion circulaire, n’encerclant que du vent. Ah ! le haïku de Bashô :
Épouvantail dressé
il brise les cercles
du vent
Tout ce qui nous est perceptible n’occulte pas le fait « qu’il y a ici plus grand que le temple » (Matthieu) ». Ce qui est en nous, ce qui nous ramène au primordial, à la vérité. De quoi compléter les vers de Baudelaire.
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers
Écrire relève de la parole, souvent, et si peu du dire. Tout ce qui est art n’est point dire. Il y a toujours une part d’imitation, d’artifice, dans l’art. Et nous devons nous en contenter. Avec joie, dans l’allégresse de l’émerveillement.
(17 juillet 2020)